Longpré est en réalité une ferme-château. L’aile centrale de la bâtisse oppose briques et pierre bleue finement taillées dans un style liégeois Louis XV traditionnel. Un haut soubassement de calcaire donne de la légèreté à l’ensemble qui se prolonge au nord par les trois travées constituant le pignon de l’aile des remises. Par contre, les ailes en équerre de cette maison en U sont uniformément érigées en moellons de calcaire. Les deux niveaux inégaux des ailes sont couverts par une toiture d’ardoises d’où émergent quelques lucarnes, posées sur une corniche à modillons. Deux portails relient la partie castrale à l’aile de l’ancienne ferme, elle aussi édifiée en moellons de calcaire. Cette partie est construite en long, malgré un axe brisé. La toiture est couverte de tuiles et les baies possèdent des linteaux droits. La basse-cour et la haute-cour, pavées, ne sont séparées que par un muret où prend place une belle pompe à eau.
Sur le parc, le château proprement dit s’étire entre deux tours semi-circulaires engagées percées de meurtrières sur six travées en ce compris celle qui se trouve au milieu de la tour centrale. Celle-ci se divise en cinq pans coupés dont les angles sont chaînés. Cette tour est terminée par une toiture en poivrière à six pans, comme les deux autres tours. La porte d’entrée est sommée d’une pierre armoriée posée au-delà d’une belle baie d’imposte à clé passante. On retrouve cette clé passante à chacune des baies dont les arcs sont surbaissés. Une petite chapelle avait été installée en ces lieux en 1763. Les trois dalles armoriées et datées portent l’écu du commandeur François-Laure Le Tonnelier de Breteuil, frère du baron Louis-Auguste de Breteuil qui succédera à Necker comme Ministre de Louis XVI. Ce commandeur siégeait principalement à Villers-le-Temple, près de Nandrin.
Du point de vue historique, Longpré, possession des Templiers passa au XIVe siècle aux Hospitaliers de Jérusalem devenus chevaliers de Rhodes puis de Malte. Les Maltais y restèrent jusqu’en 1792. On sait que le 28 mars 1707, Jean-François de Belhoste, seigneur d’Hassonville (› Vol. 1, p. 224) apparaît comme Receveur général de la Commanderie de Villers dans un acte du notaire Froidebize. Le 22 novembre 1797, le bien était vendu publiquement. À qui ? Mystère. Jusqu’en 1931, on ne sait rien de ce que fut l’histoire de l’édifice. À cette date, le château-ferme est repris et restauré par le comte Renaud de Briey (1880-1960), fils de Louis et de Louise Kervyn de Lettenhove (fille de Joseph, ce qui nous rapporte au château Cateline (› p. 28). Le comte Renaud de Briey était Intendant de la Liste civile du Roi. Il avait épousé en 1908 la comtesse Anne d’Ursel, fille de Charles, gouverneur du Hainaut puis de Flandre occidentale et de Geneviève Le Roux. Les Briey vendirent Longpré après la Seconde Guerre mondiale.
On ne visite pas.