Cela nous met dans la période de destruction de Dinant en 1466, de l’épisode des 600 Franchimon-tois (29 octobre 1468) et de la destruction totale de Liège le lendemain. Le bain de sang dura trois jours. Liège devenait la sœur aînée de Dresde ! Tout ceci avait été décidé du 24 au 27 octobre à Fallais. S’y trouvait, le roi de France Louis XI venu de Péronne avec le duc de Bourgogne. Ils y rejoignirent leur cousin, le prince-évêque de Liège, Louis de Bourbon. Ce dernier s’était réfugié au château après avoir été fait prisonnier par les Liégeois qui venaient de s’emparer de Tongres. En 1470, le duc Charles fit don du château à Henri de Borssele, amiral de Hollande et de Zélande. Il était l’époux de Marie Stuart, fille du roi Jacques Ier d’Ecosse. Le bien fut laissé à leur fils puis à son gendre Wolfgang de Polheim ou Polham, en 1486. Hérité par l’empereur Maximilien Ier en 1501, le prince donna le château illico à Baudouin de Bourgogne, fils bâtard du duc Philippe et de Catherine de Thieffries. Les Bourgogne alliés aux Brederode et aux Lannoy, entre autres, gardèrent Fallais jusqu’à ce que la branche ne s’éteigne dans les Noyelles, originaires de l’Artois.
En 1614, l’archiduc Albert avait érigé Fallais en comté pour Herman de Bourgogne. Du 3 au 9 juillet 1675, Louis XIV vint s’établir au château après l’avoir bombardé. Toute la courtine nord et la tour « Grignard » volèrent en éclats. Le roi partait vers Maestricht où d’Artagnan laissa la vie. En 1687, Fallais fut saisi. Sur vente forcée, le bien passa à Jean de Gozée contre 82 000 florins. Le domaine resta dans sa descendance en passant aux Ponty, puis aux comtes de Marotte de Montigny (ils profitaient en outre des châteaux de Braives et de Longchamps-lez-Dhuy). Vinrent ensuite les Preud’Homme-Porta. Ces derniers, propriétaires de papeteries près de Huy et de grandes forêts en Allemagne, firent transformer le château par l’architecte gantois Auguste Van Assche (1826-1907), auteur de l’église Saint-Christophe à Liège, déjà rencontré à Leignon, Spontin et Tilleghem. Ensuite, Charles Ortmans acheta la puissante demeure en 1928. En 1935, la Prévoyance sociale s’empara des bâtisses pour y installer un home de personnes âgées. Puis elle dût faire face au plus terrible des assaillants : les flammes. Un incendie considérable détruisit toute l’aile longeant la rue. Les assurances socialistes restaurèrent totalement le château et y restèrent jusqu’en 1976 quand des membres de la famille de Marneffe, dont les aïeux furent châtelains de Fallais mais aussi de Seraing-le-Château, se firent un devoir de récupérer un bien où vécurent leurs ancêtres.